Résidents

Camille De TOLEDO

Comment la nature parle, comment la nature travaille?

Période de résidence : Septembre 2022 à décembre 2022 puis octobre 2023 à juin 2024 (membre associé 2023 / 2024)

Discipline(s) : Littérature

Pays : France

FELLOW FOCUS

Le séminaire de résidence de Camille de Toledo aura lieu le lundi 21 novembre 2022 :

VERS UNE INTERNATIONALE DES RIVIÈRES (et des autres entités de la nature)

Vers une internationale des rivières est le titre d’un projet à venir : une interrogation à plusieurs voix sur le « travail de la nature », dans le sillon de ce que j’ai nommé "le soulèvement légal de la Terre. » Si les entités de la nature et les processus naturels accèdent au statut de sujet de droit, quelles seront leurs revendications ? Vont-ils demander des revenus, de meilleures conditions de travail ? Mais aussi, comment vont-ils se mettre à parler ? Qui sera en charge de traduire leurs voix, leurs intérêts, leurs valeurs dans l’espace public ? Et justement, cet espace public, à quoi ressemblera-t-il si, à côté des Etats, des entreprises et des associations citoyennes, de vastes personnalités naturelles (forêts, lacs, rivières, cycle de l’eau, espèces menacées...) obtiennent la personnalité légale ? Que se passera-t-il dans les tribunaux, les parlements ?

Depuis 2008 et la création de la Société européenne des auteurs, je pratique un art processuel, de la délibération, à la croisée de l’art, de la recherche, de la science et de l’espace public. Cette forme d’art vise à accompagner, voir à provoquer des métamorphoses, en d’appuyant sur la dimension profondément narrative et fictionnelle de nos ordres juridique, politique, et économique. Dans mes recherches sur la traduction, en compagnie de Bruno Latour, dès 2009, je me suis mis à travailler sur une extension de l’espace public aux êtres de la nature, en me demandant comment les traduire. L’aggravation de la crise terrestre a accompagné ce questionnement, depuis les travaux de Christopher Stone (1972), jusqu’à la reconnaissance du fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande, en 2017.

Pendant ce séminaire, je proposerai des dessins, comme des « planches » d’une recherche en cours, pour m’interroger avec vous sur les diverses ramifications de ce soulèvement légal des entités de la nature (en écho à ses manifestations, ses tremblements, ouragans, tempêtes, réchauffement climatique...) Il s’agira aussi de poser les bases de ma prochaine « institution potentielle » : pour penser, créer une « International des rivières et des autres éléments de la nature », en mettant au coeur de nos réflexions les demandes et les revendications de ces travailleurs  particuliers que sont les travailleurs terrestres…

 

Suggestions de la semaine :

Film Don’t look up, un film d’Adam Mc Kay, 2022


 
Lecture : Les droits de la nature, un nouveau paradigme de protection du vivant, éditions Le Pommier 2022

ImageRivière Whanganui, Nouvelle-Zélande, devenue sujet de droit en 2017 par une loi du parlement néo-zélandais.

Projet de recherche : Comment la nature parle, comment la nature travaille?

Nous assistons sur tous les continents, depuis le début du 21e siècle, à un soulèvement légal de la Terre : une reconnaissance progressive des droits de la nature, et une personnalisation de plus en plus fréquente d’entités non-humaines, des fleuves, des écosystèmes forestiers, certaines espèces végétales ou animales... Ce tournant légal pose des questions à tous les champs du savoir. Il s’agira, pendant ce temps de résidence, de poser les bases d’un séminaire au long cours autour de deux axes de recherche : comment la nature parle ? (biosémiotique, langage, traduction des non-humains) et comment la nature travaille ? (sur l’économique politique à naître de cette reconnaissance des droits de la nature).

Biographie

Camille de Toledo est écrivain, artiste, docteur en littérature comparée. Il enseigne à l’Atelier des écritures contemporaines de l’ENSAV (Lacambre), à Bruxelles. Il a été élu en 2022 Maître de conférence en écopoétique à l’Université d’Aix-Marseille. Il est lauréat de la Villa Medicis (2004) et de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature (2019). En 2008, il fonde la Société européenne des auteurs pour promouvoir « la traduction comme langue ». Il écrit également pour l’opéra, « La Chute de Fukuyama » (2013) et pour le théâtre, « Sur une île » sur la tragédie d’Utøya, ou le diptyque « PRLMNT » sur la chute de l’Union européenne et la recomposition politique grâce à des institutions inter-espèces, où les milieux, les écosystèmes seront reconnus comme sujets de droit. Son dernier roman « Thésée, sa vie nouvelle » (Verdier, 2020) est lauréat du Prix Franz Hessel 2021, finaliste du prix Goncourt. Son dernier essai, « Le fleuve qui voulait écrire » (Ed. les liens qui libèrent, 2021) est finaliste du prix du livre d’environnement remis par le journal le Nouvel Observateur.

Bibliographie

Essais – récits

  • Archimondain Jolipunk ; confessions d’un jeune homme à contretemps, Calmann-Lévy, 2002
  • Visiter le Flurkistan ou les illusions de la littérature monde, Editions PUF, 2007
  • Le Hêtre et le Bouleau. Essai sur la tristesse européenne, Éditions du Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 2009
  • Les Potentiels du temps, Art & Politique, avec Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, Manuella éditions, 2016

Romans

  • L’Inversion de Hieronymus Bosch, Verticales, 2005 Traduction espagnole sous le titre En época de monstruos y catástrofes (Au temps des monstres et des catastrophes), éd. Alpha Decay, trad. Juan Asis, 2012.
  • Vies et mort d’un terroriste américain, Verticales, 2007
  • Vies pøtentielles, micro-fictions, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 2011
  • Oublier, trahir, puis disparaître, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 2014
  • Le livre de la faim et de la soif, Gallimard, 2017
  • Herzl. Une histoire européenne, avec Alexander Pavlenko (illustrations), Denoël Graphic, 2018
  • Thésée, sa vie nouvelle, Verdier, 2020
  • Le Fantôme d’Odessa, avec Alexander Pavlenko (illustrations), éd. Denoël Graphic, 2021
  • Le fleuve qui voulait écrire, ed. Les Liens qui Libèrent, 2021

Recueil – chant

  • L’Inquiétude d’être au monde, Verdier, coll. « Chaoïd », janvier 2012

Livret d’opéra

  • La Chute de Fukuyama, sur une musique de Grégoire Hetzel, créé en mars 2013 à Paris